Un mot, selon l'auteur, résume à lui seul le sentiment qu'inspire l'expérience historique latino-américaine depuis près de deux siècles : la frustration. S'il fallait, écrit l'historien José del Pozo, illustrer dans quelle mesure l'Amérique latine a connu plus d'échecs que de réussites, il suffirait de comparer les courants migratoires d'aujourd'hui avec ceux de la fin du XIXe siècle. À cette époque, des pays comme Cuba, le Brésil, l'Uruguay et l'Argentine étaient aussi attirants pour les immigrants que l'Australie, le Canada et les Etats-Unis. Aujourd'hui, au contraire, les Latino-Américains ont le regard tourné vers l'Europe et le nord du continent. Ils sanctionnent ainsi un bilan historique qui se solde, là par la pauvreté endémique ou la faillite économique, ailleurs par le mécontentement et l'exclusion, ce qui ne cesse de menacer un fragile processus de démocratisation.

Mais, dans une approche globale qui refuse les simplifications et qui embrasse l'ensemble de la vie politique, sociale, économique et culturelle du sous-continent, José del Pozo fait aussi ressortir les réussites et les motifs d'espoir : une littérature qui s'est imposée au reste du monde et, au delà des dictatures, des massacres et des spoliations, une lente émergence de la démocratie, une tendance croissante à résoudre les crises par des moyens constitutionnels et une économie de plus en plus caractérisée par la diversification et l'intégration régionale.

L'auteur, installé à Montréal après le coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili, fait ressortir dans son texte la spécificité de la réalité latino-américaine par l'étude non seulement des grands États de la région, mais aussi des moins connus, comme ceux de l'Amérique centrale. Vingt-huit tableaux statistiques, cinq cartes historiques, une chronologie détaillée ainsi qu'une iconographie riche et informative facilitent la lecture de cet ouvrage, qui s'adresse à ceux qui cherchent une information de base sur cette partie du monde, depuis l'époque des indépendances jusqu'à nos jours.