« La direction générale de l’assistance publique-Hôpitaux de Paris est une administration désuète, forte de quelque 3 000 fonctionnaires dont on ne sait pas trop ce qu’ils font de leurs journées sinon harceler les hôpitaux. Il y en a probablement 1 500 de trop. Sur la moitié restante, il faudrait en remercier les trois quarts et muter ceux qui restent dans les hôpitaux où nous manquons cruellement de personnel, y compris administratif. Trop de gens ayant démontré leur incompétence dans les couloirs de nos hôpitaux ont été recasés dans cette administration. Un placard doré. Un abcès qui coûte cher. Voilà la logique de ce pays. »

Ainsi s’exprime le professeur Denis Safran dans le livre Un toubib dans l’urgence, écrit en collaboration avec Franck Hériot. Et nous pouvons le croire. Professeur de l’université de médecine Paris-V, chef du service anesthésie–réanimation de l’hôpital européen Georges-Pompidou depuis 2000, le professeur Safran est un défenseur acharné du service public, ce qui lui vaut certaines inimitiés parmi ses confrères. Il ne pratique pas la langue de bois et n’hésite pas à se prononcer sur des sujets tels que la situation alarmante des hôpitaux : le sous-effectif, le numerus clausus, les salaires et retraites.

Mais le professeur Safran est avant tout passionné par son métier. Ce livre retrace 30 années d’une carrière menée tambour-battant, racontée au rythme de l’urgence et parsemée d’anecdotes savoureuses, parfois d’importance historique. Ce fut le cas au Caire, en 1980, au chevet du Shah d’Iran qu’il accompagna jusqu’à son dernier souffle, soupçonnant ses amis d’hier d’avoir voulu hâter sa fin.