Éric Verhaeghe, ancien président de l’APEC et à ce titre membre du MEDEF, avait créé la polémique en janvier dernier en publiant un ouvrage remarqué intitulé Jusqu’ici tout va bien. Il expliquait, dans cet essai particulièrement argumenté, que sous couvert de grandes réformes économiques et libérales, une aristocratie avait dévoyé notre régime démocratique pour le capter à son profit. À la sortie de ce livre choc, Éric Verhaeghe avait démissionné de tous ses mandats.

À sept mois de l’élection présidentielle, il publie un ouvrage dont Le Figaro s’est fait l’écho il y a quelques jours. Dans Au coeur du Medef, chronique d’une fin annoncée, Éric Verhaeghe témoigne de trois ans de vie au sein du monde patronal, depuis le début de l'affaire UIMM, en octobre 2007, jusqu'à sa démission. Pendant cette période intense, les professions financières ont affirmé leur domination sur une sphère patronale jusque-là contrôlée par les industriels. Des événements marquants sont intervenus : la crise de 2008, les suicides chez France-Télécom, la réélection de Laurence Parisot.

Dans ce contexte de crise, la France ne doit pas manquer le virage de sa rénovation sociale. En effet comment résoudre l’équation du travail et du financement des droits et avantages auxquels nous considérons que le travail est attaché ? De plus en plus la question se pose de savoir si l’héritage du CNPF que le MEDEF incarne est encore adapté aux besoins de notre temps ? Alors que Nicolas Sarkozy avait tendu la main au MEDEF, l’auteur explique que Laurence Parisot n’a pas su réformer en profondeur le mouvement, refusant de prendre en compte les évolutions majeures de notre organisation collective.

Dans ces conditions, Éric Verhaeghe franchit la ligne jaune et n’hésite plus à se poser la question de la disparition du MEDEF.

« Quelques mois après que je fus devenu président de l’association paritaire pour l’emploi des cadres (APEC) au titre du MEDEF, un proche de Laurence Parisot me prit par l’épaule et me glissa : “ Tu sais Laurence pense que tu es Bolchevik” Je fus amusé car je n’avais pas entendu ce mot depuis des années, et imaginer que m’était échue une présidence nationale par une volonté patronale alors que de pareilles idées m’étaient prêtées ne manquait pas de piquant. »