Pour bien percer le sens de ces notes féminines hâtives, impudentes, il faudra surtout ne pas les reléguer à la périphérie de l’oeuvre brioussovienne. On comprendra alors que les aveux de la belle et immorale Nathalie sont un écho exact de la voix poétique de Brioussov. Tout simplement un écho modulé en prose et qui traduit dans une intrigue criminelle et érotique un fait divers tout aussi prosaïque et réel (un meurtre qui a fait grand bruit à Moscou en 1910). […]
[…] Nathalie est bien plus convaincante que ces immoralistes professionnels (les personnages de Dostoïevski, de Camus ou de Gide). Eux, ils s’interrogent, s’observent, s’admirent, se sondent. Elle, elle vit. Et son immoralité charrie nombre d’éléments hétéroclites et multiples comme la vie même : les débris des conventions et des tabous, les ressentiments familiaux et la naïve joie de vivre, les grimaces infernales et la malice d’une mondaine, la cruauté souriante et la tendresse censurée, les velléités féministes et la résignation femelle devant la puissance du mâle […]
Tout ce magma vivant, charnel, orgastique rend la monstruosité de cette femme merveilleusement et odieusement humaine.
Extrait de la préface d'Andreï Makine
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