Au XVIIIème siècle, le grand débat sur les mérites relatifs des corporations de métiers et de la liberté du travail mobilisa jusqu'aux philosophes et aux romanciers. En 1763, à l'époque où la question était agitée par les Physiocrates, Diderot s'en mêla également. Il composa une « Lettre historique et politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie, son état ancien et actuel, ses règlements, ses privilèges, les permissions tacites, les censeurs, les colporteurs, le passage des ponts et autres objets relatifs à la police littéraire », adressée à Antoine-Gabriel de Sartine, directeur de la librairie. Dans cette lettre, Diderot se fait autant l'opposant des corporations en général que le défenseur des privilèges des libraires en matière d'édition. S'il prend cette position, c'est qu'il considère qu'il convient de protéger la propriété des œuvres de l'esprit, aussi bien que celle des choses matérielles ; qu'ainsi l'auteur ne peut en être dépossédé et que sa propriété doit être protégée par la loi. Il résume cette opinion, d'une double défense de la liberté du travail et du droit de propriété des auteurs et des éditeurs, dans un passage éclairant : « Détruisez toutes les communautés, rendez à tous les citoyens la liberté d'appliquer leurs facultés selon leur goût et leur intérêt, abolissez tous les privilèges, ceux même de la librairie, j'y consens ; tout sera bien, tant que les lois sur les contrats de vente et d'acquisition subsisteront. »
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